Brocatelle jaune

Bénitier en Sampans à Choisey

Gisant de Marguerite d'Autriche en Albâtre de Saint-Lothain à l’église de Brou (Bourg-en-Bresse)

Coins et joues

Brocatelle violette

Scieries de Balanod : transport d'un bloc de marbre

Ébauchage (un bloc aux faces brochées était moins taxé à la douane des états-unis qu'avec des faces lisses car produit de luxe)

Chaire attribué à Denis le Rupt de 1555 à la collégiale de Dole

Les pierres froides dans le Jura

 

   Le sous-sol jurassien est composé d'une grande diversité de calcaires marbriers, utilisé depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. Citons l'abbatiale de Brou à Bourg-en-Bresse, achevé en 1531, avec ses magnifiques tombeaux en albâtre de Saint-Lothain (39) ; cheminées, autels, chaires, fontaines, bénitiers sont fabriqués en grand nombre jusqu'à la Révolution.


   En 1823, un membre du conseil de l’État constate que la marbrerie française est tombée en déclin, et propose de taxer les blocs de marbres étrangers et de favoriser dans les monuments publics la mise en œuvre des marbres français. Lentement, l'industrie marbrière prend son essor dans le Jura autour de trois grands sites :
- la région doloise avec la pierre de Dole, Sampans, Foucherans et Damparis Audelange ;
- la région de Saint Amour avec la pierre de Balanod, Vilette, Nanc et la Brèche de la Malardière, Gray et Char-nais, Loisia, Gizia ;
- la région de Saint-Claude avec son ancienne marbrerie à Molinge, la carrière de Chassal où étaient exploitées les Brocatelles jaunes et violettes, et la carrière de Pratz pour le Jaune Lamartine.

 

   Il y avait aussi de nombreuses petites carrières exploitées localement : Loulle, Crans, Noseroy (calcaire jaune or de Molpré), Mignovillard, Miéry, Crançot. Avec le désenclavement de la région lié au chemin de fer, vient l'ouverture du territoire mais aussi la concurrence directe, avec les marbres de Belgique ou des Pays-Bas, et surtout ceux d'Italie.

 

   Dans la région doloise se crée en 1857 la Société d'Exploitation de Carrières de Tinseau qui extrait le calcaire de Sampans entre autres, que l'on retrouve à Paris au bassin de la fontaine Saint-Michel, aux colonnes monolithes soutenant les voûtes de l'église de la trinité, au pont au Change, au Palais Garnier en soubassement, balustres et colonnes. Employant alors jusqu'à 500 personnes, l'affaire disparaît au cours de la décennie 1890.

 

   A Saint-Amour et à Balanod, deux villages voisins, on compte vers 1865 une quinzaine d'établissements, occupant plus de cent vingt personnes, en plus des carriers et des polisseuses travaillant à domicile.

 

   A Molinges, près de Saint-Claude, la Compagnie de la Marbrerie de N.Gauthier propose à la même période cent quarante variétés de roches différentes : brocatelle de Chassal, de Pratz et de Viry, ainsi que des marbres d'Uchentein et Balacet en Ariège, de Cazedarnes et Cessenon dans l'Hérault, de Baixas dans les Pyrénnées et de Cesana Torinese en Italie face à Briançon. Revendue en 1920 faute de successeur, puis absorbée par le groupe Rocamat en 1972, la brocatelle de Chassal est surexploitée dans les années 70, si bien que la marbrerie ferme en 1984, la carrière n'est plus exploitée maintenant qu'à ciel ouvert et de façon épisodique.

 

   Il ne subsiste aujourd'hui dans le département que la société Yelmini Artaud travaillant des marbres de toute origine, mais cherchant cependant à promouvoir des marbres français tels celui de Balanod même, mais aussi le gris bleuté de Savoie et le Boisjourdan en Mayenne.

 

(Source : Images du patrimoine - 169 ; Laurent Poupard, "Marbres et marbreries du Jura")